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La littérature bulgare au cours des siècles: quand le Verbe cimente la Nation

«Nus sont les peuples dépourvus de livres
car ils ne peuvent combattre sans armes
l’ennemi de nos âmes»
Konstantin-Cyrille le Philosophe (826-869)

«Je parle, donc je suis»: tel pourrait être le credo de nombreux héros créés par la littérature bulgare, convaincus de la force du Verbe et de la magie des mots comme en témoigne la nouvelle intitulée Souvenirs de chevaux de Yordan Raditchkov: "L'oncle Gavril se débrouillait fort hardiment avec toutes sortes de mots, je ne me souviens pas d'un mot qui lui ait fait peur, aussi inconnu fût-il. A la vue du mot inconnu et étrange, tous les autres étaient saisis ou bien passaient le long de lui sur la pointe des pieds, comme si ce n'était pas un mot mais une couleuvre, une vipère lovée perfidement dans l'herbe. L'oncle Gavril, lui, attrapait hardiment le mot par la queue, fendait l'air avec lui et l'intégrait de telle manière à son discours, qu'il s'y figeait et y restait pour l'éternité. Beaucoup plus tard, j'ai compris qu'il donnait une âme à chaque mot, l'apprivoisait, le prenait sous sa protection ou bien se mettait lui-même sous la protection du mot avec confiance."

Le Verbe bulgare, d’ailleurs, mériterait d’être mieux connu, car les Lettres ont toujours revêtu dans ce pays une importance et une signification particulières, au cours du temps et des vicissitudes de l’histoire: le Verbe cimente la Nation et lui permet de résister aux invasions et occupations étrangères ou idéologiques, de préserver son intégrité culturelle. La relation à l’étranger, la place occupée dans cette Europe dont elle fait partie, aussi bien par sa position géographique que par sa culture, sont toujours au cœur d’une problématique et d’une dialectique singulières dans cette littérature qui forme depuis ses origines un pont entre l’Orient et l’Occident. Car l’Etat bulgare est né, en 681, de l’union entre deux ethnies différentes – les Slaves et les protobulgares venus d’Asie centrale – qui eurent la sagesse de s’allier face au puissant voisin byzantin. Avec les croisades, émigrations diverses et occupations, cette terre aux substrats variés devait par la suite avoir des contacts avec d’autres cultures issues de l’Ouest comme de l’Est.

Les premiers souverains de ce nouvel Etat eurent très vite une conscience aiguë qu’il fallait forger puis cimenter son unité par une seule religion, une Eglise indépendante et surtout une langue qui soit à la fois langue d’Etat, de la prière, langue littéraire. Après avoir hésité à choisir son camp, entre l’église chrétienne d’Occident et celle d’Orient, Boris Ier se convertit à l’orthodoxie, et a la sagesse et le flair politique d’accueillir en Bulgarie les disciples des deux frères missionnaires Cyrille et Méthode chassés d’Europe centrale, et de leur offrir les meilleures conditions pour poursuivre leur œuvre. Or il s’agissait ni plus ni moins de la création d’alphabets slaves: d’abord le glagolitique attribué à Constantin le Philosophe (plus connu sous le nom de saint Cyrille), puis le cyrillique qui porte son nom et devint l’alphabet des Slaves de l’est et du sud. Le vieux bulgare fut donc la première langue écrite du monde slave sur la base de laquelle on édifia toute une littérature qui se diffusa dans les pays d’expression slave, leur permettant non seulement de prier Dieu dans leur propre langue mais aussi de créer leurs lettres.

En 1396, la Bulgarie est occupée par l’empire ottoman. La domination ottomane, qui dura presque cinq siècles, fut une époque sombre pour les Bulgares et pour leur littérature brutalement arrêtée dans son élan. Mis à part des récits apocryphes, des épopées populaires et, plus tard, les Damaskini, recueils de textes où se mêlent inspiration religieuse et profane, traduction et création originale, et qui ouvrent la voie à une littérature profane et démocratique, les lettres bulgares produisent peu, en regard de ce qui se passe en Europe, du XVe au début du XVIIIe siècle.

Mais le Verbe qui cimenta cette Nation la fit aussi renaître: en écrivant en 1762 son Histoire des Slaves bulgares, texte fondateur de la Renaissance nationale, le moine bulgare Païssiï de Khilendar exhortait ses compatriotes à sortir de leur léthargie, à prendre conscience de leur langue, de leur histoire, de leur rôle dans le passé, et à s'opposer à la double emprise menaçant leur identité nationale: domination politique ottomane, spirituelle et religieuse grecque. Ce manuscrit fut largement diffusé par des copistes et redonna une impulsion salutaire aux lettres à une époque où tout était à créer, notamment une langue littéraire laïque et moderne, ce que devait faire en 1824 le docteur Pétar Béron, avec son fameux «Abécédaire au poisson», ainsi intitulé du fait de l’illustration ornant sa couverture.

La Renaissance bulgare est une époque fascinante de formation d’une conscience et d’une identité nationales, rappelant à la fois les Lumières et le romantisme, où la littérature et la culture sont mises au service du combat pour une Eglise indépendante puis pour la liberté. Période de bouillonnement des idées, d’abnégation de soi au nom d’un idéal incarné par la patrie et la Nation, l’affranchissement des esprits qui suppose une instruction massive et démocratisée, la diffusion de la culture grâce au livre et à la presse, un engagement sans borne de l’écrivain le plus souvent traducteur, essayiste, publiciste, poète ou prosateur, dramaturge, formé à l’épreuve de l’étranger, en Russie (Odessa, Moscou), à Constantinople ou à Bucarest. Le peuple est érigé en instance suprême qui mérite toutes les luttes. La littérature se diversifie et l’on voit naître les premières véritables formes modernes, aussi bien dans la prose, la poésie que le drame. Les grands noms ne manquent pas et la liste de ceux qui apportèrent leur pierre à l’édifice littéraire de l’époque serait fort longue: Guéorgui Rakovski, Naïdène Guérov, Dobri Tchintoulov, Petko Slaveïkov, Lioubène Karavélov, Khristo Botev, Nécho Bontchev, Vassil Droumev, Dobri Voïnikov et tant d’autres encore.

La libération de la Bulgarie de la domination ottomane, à l'issue de la guerre russo-turque de 1877-78 et la constitution d'un jeune Etat souverain, marquent un tournant dans le développement des lettres de ce pays. Cette période de transition entre une littérature de combat et une littérature caractérisée par des préoccupations esthétiques nouvelles est dominée par l’apogée du réalisme bulgare et par les figures puissantes d'Ivan Vazov, surnommé «le Patriarche de la littérature bulgare», qui a créé dans tous les genres et à qui l’on doit le premier véritable roman bulgare, Sous le Joug, épopée empreinte d’un réalisme romantique qui évoque les lutte de libération nationale; de Zakhari Stoyanov, Stoyan Mikhaïlovski, Aleko Konstantinov.

La libération change donc profondément le paysage social et culturel bulgare, provoquant une soif de rattraper le temps perdu dans tous les domaines, accélération qui ne se fait pas sans crises. Ce mal de fin de siècle prépare le terrain au renouveau culturel et spirituel caractéristique du début du XXe. C’est une véritable querelle entre «Anciens» et «Jeunes», liée au rejet d’un certain type de littérature ressenti comme dépassé, à la recherche d’une identité nationale malmenée par les vicissitudes de l'histoire, à l’aspiration d'intégrer de nouveau la Bulgarie aux grands courants et mouvements culturels modernes de l’Europe. Epoque riche, foisonnante d'idées et de débats, pleine de talents, qui permet l'émergence de courants nouveaux. Epoque où l’instance suprême n‘est plus le peuple ou la patrie, mais l’homme et plus particulièrement le créateur, le moi, l’individu, le subjectif; où le Verbe doit relier l’individu créateur à une communauté culturelle européenne, pour dépasser les cadres de la Nation.

Ce renouveau a connu en Bulgarie trois grandes étapes, entre les années 90 du XIXe siècle et l’entre-deux guerres: l’époque du premier cercle littéraire bulgare, «Missal» («Pensée»), avec le critique Docteur Krastev, fondateur de la revue Missal, le poète et critique Pentcho Slaveïkov, les poètes et dramaturges Petko Todorov et Peiou Yavorov; le symbolisme autour de la revue «le Chaînon», influencé par les mouvements symbolistes français et russes dont sont imprégnés ses membres et théoriciens, Dimitar Podvarzatchov, Kiril Khristov, Dimtcho Debelianov, Teodor Traianov, Nikolaï Liliev, le mystique Nikolaï Raïnov; l’expressionnisme de Geo Milev. Diverses tendances nouvelles ou modernistes se font jour entre les deux guerres: futurisme, fantastique, grotesque, courant révolutionnaire et prolétarien, incarné notamment par les poètes Khristo Smirnenski et Nikola Vaptsarov, ou intimiste avec des poètes tels qu'Assène Raztsvetnikov, Alexandar Voutimski, Atanas Daltchev et Elissaveta Bagriana (1893-1991). Toutes ces idées trouvent leur expression dans des revues, dont les plus importantes sont «La Balance», «La Corne d'or», «Hypérion».

Parallèlement, on assiste aussi à une évolution du réalisme, plus «mûri», plus complexe, formé au creuset des idées nouvelles, avec principalement Eline-Peline et Yordan Yovkov, humaniste nostalgique, qui sait si bien raconter, dans ses Légendes du Balkan et ses autres récits, la légende, le mythe mais aussi la bonté et le cœur de l’homme pauvre du village. Le thème de la ville domine les œuvres de prosateurs tels que Guéorgi Stamatov, Svetoslav Minkov, ou Konstantin Konstantinov.

Le 9 septembre 1944 marque la fin de la monarchie et l’installation progressive du pouvoir "populaire" en Bulgarie, plus exactement de la dictature communiste. De nouveau, le développement naturel du pays est freiné dans tous les domaines, la culture et la littérature bulgares perdent leur indépendance par rapport au pouvoir, elles se retrouvent isolées, en marge des courants européens. Il nous manque le recul de l'histoire pour pouvoir estimer véritablement ce qui fut uniquement "de commande" et conjoncturel (les œuvres inspirées par le réalisme socialiste en premier chef dans une littérature encore très marquée par une tradition réaliste) et ce qui demeurera. S’il n'y a pas eu de dissidents célèbres en Bulgarie, certaines œuvres ont été retirées des librairies et interdites, leurs auteurs et rédacteurs et en butte au pouvoir; ailleurs, les critiques politiques et sociales peuvent se lire entre les lignes ou plus clairement, à la faveur de «dégels politiques» où elles étaient même les bienvenues. Quant aux écrivains qui parvenaient à entrer dans la très officielle «Union des Ecrivains bulgares», ils jouissaient d'un statut privilégié. J’évoquerai plus particulièrement ici les écrivains traduits en français ainsi que les quatorze invités des Belles étrangères, espérant ne pas trop froisser pour autant les autres créateurs.

Parmi les œuvres les plus marquantes de la fin de cette période, on peut citer les romans de Ivaïlo Petrov qui dénoncent les méfaits du communisme sur la société (collectivisation des terres, urbanisation et industrialisation forcées) et offrent un tableau de la vie des campagnes bulgares dans une veine épique, dans le roman Chasse aux loups, ou avec verve, humour et fantaisie, par exemple dans Avant ma naissance ... et après, autobiographie qui commence, comme le titre l'indique, avant la naissance du narrateur!

Blaga Dimitrova, traductrice, prosatrice et poétesse, a osé réintroduire l’intimisme, l’introspection, voire le lyrisme contraire au réalisme prôné officiellement, dans ses romans Voyage vers soi-même ou Déviation dont la technique narrative n’est pas sans rappeler celle du nouveau roman. Mais c’est avec Visage qu’elle a provoqué, fin 1981, un véritable scandale, à tel point que l’œuvre a été retirée des librairies et interdite de vente; on lui reprochait de déformer la vérité socialiste, de faire preuve d’un pessimisme hérétique à l’égard de l’avenir de la société socialiste.

Les années soixante ont marqué l’apogée du roman historique qui permettait sans doute d’exprimer des idées «osées» grâce à l’alibi du passé. Vera Moutaftchiéva, historienne spécialiste du monde ottoman, est l'auteur de nombreux romans, dont la plupart ont trait à l'histoire grecque, byzantine, turque ou bulgare. Dans Le Prince errant, elle reconstitue la personnalité complexe et intéressante du prince érudit Djem, fils de Mehmet II, pourchassé par son frère Bayazid, dans une lutte à mort pour la conquête du pouvoir. Ce roman, paru en 1964, a renouvelé profondément la technique narrative de l’époque, en s’affranchissant des canons du réalisme socialiste. Moi, Anne Comnène (Az, Anna Komnina), biographie fictive et polyphonique de la fille d'Alexis Comnène écrite à la fin des années quatre-vingts, évoque l'attrait du pouvoir sur l'intellectuel qui risque de perdre sa propre personne à ce jeu. Avec son roman Les cent frères de Manol, Anton Dontchev qui évoque avec un réalisme saisissant l’islamisation forcée des Bulgares d’une petite vallée des Rhodopes frappait les esprits et tentait lui aussi des incursions plus modernes par un jeu de points de vue narratifs différents. Continuant à écrire dans ce registre, il a publié récemment un autre roman historique, L’Epopée du livre sacré. Quant à Sevda Sevan, d’origine arménienne, elle livre dans sa trilogie Rodosto, Rodosto toute une fresque de l’histoire de la diaspora arménienne dans l’empire ottoman, de la fin du XIXe siècle au génocide de 1915, à travers l’histoire d’une famille de Rodosto et des autres habitants aux multiples cultures gravitant autour d’elle: tableau attachant d’une époque où l’on savait vivre ensemble ses différences linguistiques, religieuses et culturelles…

Au «boom» du roman succède, dans les années 70/80 la consécration de la nouvelle et du récit, et plusieurs écrivains s’y essaient avec succès; mais le plus original est Yordan Raditchkov, grand nom de la littérature contemporaine bulgare, écrivain très fécond, auteur de récits, nouvelles et drames, aède des temps modernes et magicien du verbe chez qui le grotesque et la parodie se mêlent au mythique et au merveilleux, comme en témoignent ses récits parus en français, L’Herbe folle, Les Récits de Tcherkaski et Nous les Moineaux. Dans le contexte du réalisme triomphant, il y avait de quoi étonner.

De nombreux poètes se sont vite échappés des rails tracés par le réalisme socialiste, se permettant des critiques plus ou moins voilées, dénonçant grâce à la métaphore les méfaits et l’absurdité d’un régime qui déforme les consciences, vise à annihiler l’individualité, laisse l’homme seul face à lui-même et à ses angoisses métaphysiques, en butte à un quotidien gris et répressif: c’est bien ce qu’il ressort des poèmes de Kiril Kadiïski (Plume de Phénix, Choix de poèmes) à qui l’on doit également d’excellentes traductions de maints auteurs français ainsi que la découverte d’un manuscrit disparu de Blaise Cendrars, de Nikolaï Kantchev (Comme un grain de Sénevé, Anthologie personnelle), Boris Christrov (Trompette vespérale), Konstantin Pavlov (L’Ange insouciant) à l’ironie grinçante et féroce. L’œuvre dramatique de Stanislav Stratiev, prématurément disparu, était également satirique, teintée de grotesque, d’humour et de jeu (Le bus, La vie bien qu’elle soit courte, De l’autre côté).

Le 10 novembre 1989, le régime communiste tombait en Bulgarie, et, dans l'euphorie de la liberté d'expression retrouvée, de la restauration de la démocratie, une fraction importante des écrivains se lançait dans la politique et la littérature. D'autres demeuraient un peu à l'écart, qu’ils soient à l’étranger ou en Bulgarie; opérant un douloureux retour sur cette période passée, ils tentaient d’en donner leur propre interprétation, comme Viktor Paskov dont l'œuvre, en grande partie autobiographique, est une critique du totalitarisme et une apologie des créateurs et des artistes: Ballade pour Georg Henig (paru juste avant la fin du régime, à la faveur de la péréstroïka), Allemagne, conte cruel, Big Business; Dimitar Botchev, émigré en Allemagne, qui dresse des tableaux apocalyptiques du «paradis socialiste» dans ses romans; ou encore Stéphane Botchev qui laisse un témoignage de l’horreur des camps de concentration socialistes (Béléné).

Intellectuel de grande valeur, essayiste, humaniste, professeur et fondateur de la Nouvelle Université bulgare en 1991, Bogdan Bogdanov est l’auteur de synthèses et recueils critiques remarqués sur la littérature grecque, le rôle de l’intellectuel, le communisme et… l’Homo balkanicus.

Même s’il est vain de vouloir enfermer la création dans des courants bien définis, on peut tout de même dégager de grandes tendances: parallèlement à la nécessité d’expliquer et de tenter de comprendre le totalitarisme et ses ressorts, certains écrivains qui s’étaient déjà fait connaître sous le communisme décrivent avec réalisme et en les dénonçant les mécanismes sociaux de la société nouvelle, la corruption, le blanchissement de l’argent, la montée des nouveaux riches (Alexandar Tomov, Vlado Daverov). Quant aux jeunes écrivains, ils manifestent une volonté très claire de s’affranchir de la tradition réaliste qui a dominé la littérature bulgare depuis un siècle et recherchent une écriture plus heurtée, fragmentaire, libérée des tabous du passé, en accord avec les recherches de leurs collègues occidentaux. Certains se sont déjà distingués: Alek Popov par ses nombreux récits au ton souvent baroque, grotesque et humoristique (Rêves obscènes, Le cycle du chou, Le chemin vers Syracuse); Guéorgi Gospodinov, poète et prosateur dont le premier roman intitulé Un Roman naturel a fait particulièrement parler de lui récemment, car il témoigne d’une recherche intéressante sur la langue, dans une thématique et une technique résolument modernes. Quant au dernier roman paru d’ Emilia Dvorianova, écrivaine et philosophe, Passion, ou la mort d'Alissa, il mêle intrigue policière, musique et philosophie dans une langue très travaillée, étonnamment musicale et peu ordinaire. On attend avec impatience le prochain qui devrait paraître en Bulgarie au printemps. Le poète, critique et traducteur Ivan Borislavov, qui avait déjà publié plusieurs recueils avant 1989 enchante par la musicalité et la puissance évocatrice de son verbe (Nid au-dessus de l’abîme, Instants avec Paris, Lunatique frappé par le soleil, Partition pour silence). Dans le domaine de la dramaturgie, la pièce de Hristo Boytchev Le Colonel-oiseau qui évoque sur le mode métaphorique le désespoir et le rapport à l’histoire des «petits» peuples oubliés des «grands» est un beau succès en France où elle a été représentée dans plusieurs villes (Paris, Nancy, Avignon, Aubervilliers).

Tout à fait à part est le cas d’Angel Vagenstein, bien connu dans son pays en tant que scénariste, qui a écrit tout récemment son premier roman, Le Pentateuque ou les 5 livres d’Isaac, au message de tolérance et de respect d’autrui dans la différence.

Méditant, dans le cycle Chant sanglant, sur le destin national et l'histoire de son peuple, Pentcho Slaveïkov exprimait l'idée nouvelle que la position géographique de la Bulgarie, au croisement de l'Orient et de l'Occident, loin d'être une fatalité malheureuse, comme elle était vécue et considérée jusqu'alors, est une richesse: "C'est un peuple élu (…)/ sur cette terre aux confins / du monde présent et du monde antique / à la lisière entre l'Orient et l'Occident." Grâce aux Belles étrangères, la littérature bulgare qui fait partie intégrante de notre patrimoine culturel commun a quelques chances d’être mieux connue en France; ce Verbe qui cimenta la Nation, la fit renaître et l’affranchit, aida les créateurs à survivre au poids de l’idéologie et de l’aliénation, saura retrouver une reconnaissance méritée au sein de la communauté culturelle de l’Europe. Tel est le défi qui s’offre aux talents d’aujourd’hui et de demain.

Marie Vrinat
Introduction à l’anthologie éditée pour les Belles Etrangères consacrées en 2001 à la littérature bulgare:
Les Belles Etrangères, 14 écrivains bulgares,
éd. L’Esprit des Péninsules, 2001

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